Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture ?
La lecture, et l’amour pour les histoires. J’ai grandi avec des livres partout dans ma chambre, je passais des heures à la bibliothèque, il m’arrivait même de m’endormir dans les rayons un roman sur les genoux. C’est étrange, mais les lieux remplis de livres m’ont toujours apporté une forme de sérénité, de réconfort, comme si je m'y sentais un peu plus à ma place qu’ailleurs. Alors, j’ai commencé à écrire des petites poésies, des contes, et j’étais très excitée à l’idée de me mettre à mon bureau pour noircir les pages de mes rédactions ! 

Votre nouveau roman
Le rendez-vous des âmes égarées paraîtra en novembre 2024. Comment vous est venue l'idée de ce roman ?
Ce roman est né d’une quête et d’un doute. La quête, celle d’un endroit où je me sentirais enfin chez moi, où je pourrais construire quelque chose de palpable, de matériel. Acheter des meubles, me projeter, rencontrer l’amour… Toutes ces étapes que beaucoup franchissent naturellement ne relèvent pas de l’évidence pour moi. Et puis, ce roman est l’histoire d’un doute : cette sensation d’ancrage, d’alignement tant fantasmée dépend-elle vraiment d’un lieu ? En proie à ces questionnements, j’ai imaginé trois personnages principaux qui, eux aussi, expérimentent ce tiraillement entre le familier et l’inconnu, les racines et l’horizon, la retenue et le désir d’expansion. 

Avec ce nouveau roman, vous nous emmenez au cœur de l’Espagne et de ses traditions. Avez-vous un lien personnel avec ce pays ?
Mes ancêtres sont nés dans le sud de l’Espagne, à Malaga, et sur la côte valencienne. Cette mémoire, c’est une mémoire transmise sans vraiment la penser. Je me souviens des mots en espagnol de mes grands-parents, de cette maison où nous partions en vacances, de la cuisine qui a toujours eu ce goût d’ailleurs. Je crois que ma passion pour la nourriture a débuté ici, par la cannelle des mantecaos, le safran des arroz, le parfum de la mona qui gonfle dans le four. Je ne crois pas pouvoir dire que j’embarque le lecteur dans les traditions espagnoles… Je propose surtout une immersion dans un pays que j’ai redécouvert, d’une langue que j’apprends encore chaque jour, au cœur d'une ville – Barcelone – à l’intersection de mes identités. Le voyage d’Alma est plein d’humilité et je dirais, d’exploration naïve.

Vos héroïnes cherchent à s’émanciper d’une société, d’un statut social ou d’une condition de femme trop limitante. Aviez-vous à cœur d’écrire sur l’émancipation féminine ?
Mes personnages évoluent dans des temporalités très différentes. Mar, qui vit à Séville dans les années trente, est animée par une profonde colère, une soif de liberté, un besoin presque vital de s’affranchir des injonctions de l’époque. Le visage de l’empêcheur ne porte pas de masque, dans une société où le genre détermine le droit de manière complètement décomplexée. Alma, sa descendante, a la sensation de tout avoir, de tout « pouvoir », mais elle est retenue par des attaches invisibles. C’est en partie grâce au personnage de Youss, à son amitié et à son courage, qu’elle va commencer à s’en libérer. J’ai une profonde reconnaissance pour les Mar d’hier, mais aussi pour toutes les femmes et les hommes d’aujourd’hui, qui par leurs choix de vie et leur humanité contribuent à un monde plus libre. J’ai eu à cœur, dans ce roman, de transmettre ces histoires qui font la grande Histoire…

Tout comme dans votre premier roman
Profite du chemin, vos héroïnes cherchent à prendre leur vie en main, pour mieux choisir leur destinée. Et vous, avez trouvé votre chemin ?
Je crois qu’on ne peut pas être ailleurs que sur son chemin. Par contre, on peut se sentir plus ou moins guidée, trouver du sens au fil de la balade ou au contraire faire de chaque kilomètre un chemin de croix. Ce que je peux affirmer, c’est que la plupart du temps je suis heureuse de mon voyage…

Pour aller plus loin