Elisabeth, pouvez-vous nous présenter la collection « Romans d’Histoire pop » ?
Romans d’histoire pop est à la frontière de la biographie et de l’exofiction. Nous voulions dépoussiérer certaines figures historiques. Nous avons donc choisi un style décalé avec un champ lexical contemporain, de l’humour et un point de vue inédit pour chaque personnage. Le défi était d’être au plus juste des faits, tout en exploitant la figure choisie comme un véritable personnage de roman, avec ses qualités, ses défauts, ses goûts, ses amis, ses ennemis… et en soulignant que la réalité dépasse la fiction. Quand on regarde leur vie, Jeannette est une héroïne de fantasy, et Louis Pasteur, un héros de science-fiction !
Qu’entendez-vous par un point de vue inédit sur un personnage historique ?
D’abord, montrer sa modernité. Ensuite, raconter un épisode méconnu du public. Pour Jeanne d’Arc, nous nous sommes focalisés sur sa jeunesse et en évoquant son opposition à ses parents, on constate que les crises d’ado sont intemporelles ! Pour Louis Pasteur, le roman est axé sur ses liens avec sa femme, avec qui il formait une véritable équipe, et ses qualités de communicant. Cela permet au lecteur de comprendre leur caractère, leur moteur, en un mot, leur humanité. D’ailleurs, Louise Cado et Michel Douard ont avoué s’être énormément attachés à leurs personnages respectifs.
A qui s’adressent ces romans ?
Aux amateurs de romans historiques comme à tous les curieux qui veulent comprendre comment Jeannette, Pasteur ou Vercingétorix sont entrés dans les livres d’Histoire. Ces «romans d’histoire pop » ne prétendent pas remplacer un ouvrage universitaire, mais elles peuvent aussi être un outil pour les enseignants, car chacune aborde une période historique riche de façon ludique.
Vous vous attaquez à des figures de référence de l’histoire, comment les auteurs ont-ils travaillé, à partir de quelles sources ?
Afin de décrypter le contexte historique et de n’être ni hagiographique, ni à charge, Michel Douard et Louise Cado se sont appuyés sur des documents d’époque et des travaux d’historiens : ceux de Colette Beaune pour Jeanne d’Arc, la presse de l’époque et sa correspondance pour Louis Pasteur, etc. Ils se sont contentés de « boucher les blancs » et de mettre en scène les protagonistes. Le ton est moderne mais le fond est fidèle à la réalité. D’ailleurs, chaque livre comporte une bibliographie qui permet au lecteur d’aller plus loin s’il le souhaite, ou aux enseignants de trouver des informations complémentaires pour étudier le personnage et son époque.
Pourquoi avoir choisi de commencer la collection par Jeanne d’Arc et Louis Pasteur ?
Jeanne d’Arc est un cas d’école. Depuis la fin du XIXe siècle, la pauvre a été mise à toutes les sauces, elle est passée du statut de sainte à celui de figure pop ou d’étendard politique, c’est la seule personnalité à réunir les corps politiques, religieux et militaires dans des cérémonies officielles et c’est la femme dont le plus d’établissements scolaires portent le nom. On croit tout connaître d’elle, et pourtant, personne ne parvient à expliquer comment cette ado a réussi à devenir un chef militaire. C’est pour cela que nous avons axé le roman sur sa jeunesse. C’est aussi la période qui véhicule le plus de clichés : pauvre bergère, douce jeune fille, etc. Or Portrait Particuliers a une visée pédagogique et il nous semblait important de rectifier certaines légendes.
Louis Pasteur s’est imposé pour d’autres raisons : les débats scientifiques et politiques de son époque sont exactement les mêmes aujourd’hui. On connaît son vaccin contre la rage mais une grande partie de son travail reste ignorée et il nous semblait important de le faire connaître, d’autant que décembre 2022 marquera le bicentenaire de sa naissance.
En choisissant une figure politique et une figure scientifique, nous tenions aussi à rappeler que l’Histoire est tissée par des parcours très différents, mais toujours transgressifs.
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